Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/157

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— Parlez… ne craignez rien.

— Eh bien, écoutez-moi, ma chère enfant. Depuis longtemps vous n’êtes plus pour moi qu’une amie ; mais vous avez à peine vingt-deux ans. Ces séductions dont vous parlez, vous avez raison de les craindre ; personne plus que vous ne peut y être exposée… car ma conduite envers vous, je ne le nie pas, pourrait sinon autoriser, du moins excuser vos fautes.

— Ah ! monsieur… pouvez-vous penser ?…

— Laissez-moi achever… Si j’ai toujours le droit d’être, comme je le suis, horriblement jaloux par orgueil, c’est-à-dire jaloux des dehors, des apparences de votre conduite, j’ai malheureusement perdu le droit d’être jaloux de votre cœur ; j’ai seul causé votre refroidissement par mes infidélités, par mes duretés. Il serait donc souverainement injuste et absurde de ma part, je ne dirai pas d’exiger, mais d’espérer qu’à votre âge votre cœur soit à tout jamais mort pour l’amour.

Berthe regarda son mari avec stupeur.

— Tout ce que je demande, tout ce que j’ai le droit d’attendre de mon amie — reprit-il — et à ce sujet elle me trouverait inexorable, c’est, par sa conduite extérieure, de respecter aussi scrupuleusement l’honneur de mon nom que si elle m’aimait comme le plus aimé des amants ; en un mot, ma chère enfant, votre vie publique m’appartient