Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/17

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dis que cet homme m’a calomniée d’une manière infâme ; en vain je me répète qu’il a tué Raphaël, qu’il est presque l’auteur des maux que j’endure… qu’il peut à cette heure me perdre… Et malgré moi j’ai la lâcheté de penser que c’est l’amour que je lui ai inspiré qui l’a plongé dans cet abîme d’horribles actions… Oserai-je le dire ? je suis quelquefois capable de l’excuser. »

M. de Brévannes sentait son cœur battre avec violence, son orgueil effréné, l’aveuglement de sa passion servaient Iris au-delà de toute espérance.

Rien de plus vulgaire, de plus suranné, mais aussi de plus vrai que cet adage : — On croit ce que l’on désire.

Dans ces pages qu’il supposait écrites par madame de Hansfeld, M. de Brévannes voyait la preuve d’une impression qui tenait à la fois de la haine et de l’amour, de la terreur et de l’admiration.

Admiration à peine avouée, il est vrai, mais qui, selon la vanité de M. de Brévannes, n’était que de l’amour ignoré ou combattu.

Une circonstance assez étrange, habilement exploitée par Iris, contribuait à augmenter l’erreur de M. de Brévannes : il n’avait fait qu’un seul aveu à Paula, et, d’après les fragments que nous venons de citer, il pouvait croire que celle-ci n’avait pas répondu à sa passion par jalousie des soins apparents qu’il rendait à sa tante, enfin, il pouvait aussi croire son abominable calomnie, sinon oubliée,