Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/190

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La petite cause continuait de produire son effet.

Tenant dans sa main droite l’épingle constellée madame de Hansfeld battait pour ainsi dire sur sa main gauche la mesure du crescendo de colère qui l’agitait, et qui enveloppait Berthe, M. de Brévannes et le prince.

Dans ce moment elle rencontra les yeux d’Iris, et, au lieu de détourner son regard de celui de la bohémienne, elle la regarda un moment d’un air tellement significatif, qu’Iris crut qu’elle allait lui donner l’épingle.

M. de Brévannes reprit, en s’adressant à madame de Hansfeld :

— Mais vous-même, madame, que pensez-vous de M. de Morville ? N’avons-nous pas raison de nous révolter un peu contre l’admiration moutonnière qui fait une idole d’un homme nul ?

— Certainement, monsieur — dit Paula — il est très bien de ne pas accepter des renommées par cela seulement qu’elles sont des renommées…

— C’est qu’aussi jamais renommée ne fut moins méritée ; et je ne suis pas le seul, je vous le jure, qui proteste contre elle… Beaucoup de personnes pensent comme moi ; et ce qui indispose contre ce M. de Morville, c’est qu’il prétend à tous les succès. À l’entendre, il monte à cheval mieux que personne, il fait des armes mieux que personne, il tire à la chasse mieux que personne….

— Est-ce que M. de Morville est grand chasseur ? — dit Arnold.