Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/195

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Encore un effet important causé par une petite cause.

Ces paroles furent prononcées par Berthe avec une si naïve expression de bonheur et de joie… le regard qu’elle échangea en ce moment avec Arnold (regard rapidement intercepté par Paula) trahissait une passion si profonde, si ineffable, si radieuse, que tous les serpents de l’envie et de la rage mordirent madame de Hansfeld au cœur.

Paula aussi aimait avec passion, avec enivrement… et cet amour ne devait jamais être heureux. La vue d’un bonheur qui lui était interdit redoubla sa colère ; elle se souvint de la malveillance presque méprisante avec laquelle M. de Brévannes, M. de Hansfeld et Berthe avaient parlé de M. de Morville ; elle les enveloppa tous trois dans le même sentiment de haine ; dans ce moment d’exaspération, d’autant plus violente qu’elle était plus contrainte, elle accepta l’offre de M. de Brévannes, et dit à Berthe d’une voix dont elle sut parfaitement dissimuler l’émotion :

— Eh bien, madame, au risque d’être véritablement fâcheuse en me rendant à votre aimable insistance… j’accepte.

— Oh ! que vous êtes bonne, madame ! — s’écria Berthe.

— Et quand partons-nous, monsieur de Brévannes ? — dit le prince sans pouvoir dissimuler sa joie ; — je me fais une fête de cette chasse.

— Je serai aux ordres de madame de Hansfeld —