Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Berthe était pourtant agitée de sinistres pressentiments. Pendant toute la route de Paris à Brévannes, son mari avait été tour à tour d’une gaieté forcée et d’une si obséquieuse prévenance, que la défiance de Berthe s’était vaguement éveillée.

Un moment elle avait songé à prier son mari de la laisser à Paris ; mais après l’engagement formel pris avec le prince et la princesse de Hansfeld, elle abandonna cette idée.

En arrivant à Brévannes, elle s’occupa des soins de la réception de ses hôtes. Chose étrange ! il ne lui vint pas un moment à la pensée que son mari pût être épris de madame de Hansfeld ; cette conviction l’eût peut-être rassurée. Quoique la manière dont cette partie de campagne s’était engagée eût été assez naturelle, un secret instinct disait à Berthe que ce voyage avait un autre but que la chasse au marais.

La seule personne complètement heureuse, et heureuse sans crainte et sans arrière-pensée, était Arnold. Un hasard inattendu servait si bien son amour naguère inespéré, qu’il se laissait aller au bonheur de passer quelques jours avec Berthe dans une intimité de chaque instant.

Iris observait tout et épiait surtout les moindres démarches d’Arnold et de madame de Brévannes. Malheureusement pour la bohémienne, ces derniers, malgré les soins incessants que M. de Brévannes avait mis à leur ménager des occasions de tête-à-tête, les avaient constamment évitées.