Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ciel pluvieux et menaçant. Au moment où Iris se cacha dans les buis, Arnold rejoignait Berthe.

Celle-ci tressaillit à la vue du prince et fit quelques pas pour retourner au château ; mais Arnold, la prenant par la main d’un air suppliant, lui dit :

— Enfin… je puis avoir un moment d’entretien avec vous… depuis deux jours ! On dirait, en vérité, que vous me fuyez… moi, si heureux de ce voyage improvisé… Tenez, Berthe, j’ai peine à croire à mon bonheur…

— Je vous en supplie… laissez-moi… Je vous évite parce que j’ai peur…

— Peur… et de quoi, mon Dieu ?…

— Tenez, monsieur de Hansfeld… vous m’aimez, n’est-ce pas ? — s’écria tout à coup Berthe.

— Si je vous aime !…

— Eh bien !… ne me refusez pas la seule grâce que je vous aie demandée…

— Que voulez-vous dire ?…

— Partez…

— Partir… à peine arrivé… lorsque…

— Je vous dis que si vous m’aimez vous prendrez, bon ou mauvais, le premier prétexte venu… et vous quitterez cette maison.

— Mais je ne vous comprends pas… Pourquoi… lorsque votre mari ?…

— Ah ! ici… ne prononcez pas son nom…

Rassurez-vous… Je partage vos scrupules… Je suis ici chez lui… Je ne vous parlerai pas d’amour ; je ne vous dirai rien que votre père ne pût enten-