Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/203

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sentirai pas. Vous vous trouvez un peu souffrante, il ne faut donc pas vous exposer davantage… Cette pluie est glacée, le chalet est à vingt pas.

— Eh bien ! promettez-moi de partir demain.

— Encore ?

— Oui… Ne me demandez pas pourquoi ; j’ai peur pour vous, pour moi ; je ne serai tranquille que lorsque vous serez éloigné d’ici. Je ne m’explique pas ces craintes… mais je les éprouve cruellement.

— Mais enfin… admettez que votre mari soit jaloux… qu’avez-vous à redouter ? quel mal faisons-nous ? Il est d’ailleurs plein d’attentions pour vous, il ne soupçonne rien.

— Ce sont justement ses bontés… si nouvelles pour moi… et sa douceur hypocrite qui m’épouvantent… Lui, autrefois si brusque… Et un jour… — Berthe tressaillit et s’écria en s’interrompant et en mettant une main tremblante sur le bras d’Arnold : — Encore !!! je vous assure qu’on marche dans ce taillis… On nous suit.

Arnold prêta l’oreille, entendit en effet quelques branches crier dans l’épais fourré de buis et de houx ; malgré la difficulté de pénétrer dans ce massif inextricable, Arnold allait s’y enfoncer, lorsque le bruit augmenta, le feuillage frémit, et à quelques pas un chevreuil bondit et sauta sur la route.

Arnold ne put retenir un éclat de rire, et dit à Berthe :

— Voyez-vous votre espion ?

La jeune femme, un peu rassurée, reprit le bras