Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/206

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pouvoir emporter ce souvenir des lieux que vous habitez ! et ce tableau sera toujours vivant dans ma pensée… Voilà votre piano, cet ami des longues heures de rêverie et de tristesse… ces belles gravures, œuvres de votre père, où vous avez dû souvent attacher vos yeux attendris, en vous reportant par la pensée auprès de lui, dans sa modeste retraite…

— Oui, sans doute — dit Berthe avec distraction ; — mais, mon Dieu, qu’ai-je donc ? je ne sais pourquoi mes idées roulent dans un cercle sinistre. Savez-vous à quoi je pense à toute heure ? aux tentatives de meurtre auxquelles vous avez si miraculeusement échappé… Ne savez-vous donc rien de nouveau ? avez-vous pu découvrir l’auteur de ces criminelles tentatives ?

M. de Hansfeld tenait à ce moment un volume des Ballades de Victor Hugo et ouvrait curieusement le livre à une page marquée par Berthe.

Il retourna à demi la tête, sans fermer le livre, et dit à la jeune femme avec un sourire d’une étrange sérénité :

— Je crois connaître… ce… meurtrier… Et il ajouta : — Quel plaisir de lire les lignes où vos yeux se sont arrêtés… ma sœur !

— Vous le connaissez ?… s’écria Berthe.

— Je le crois… Vous avez passé la journée d’hier et celle d’aujourd’hui avec cette homicide personne. — Puis s’interrompant encore : — Que je suis aise que vous partagiez mon admiration pour