Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/207

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cette ravissante ballade la Grand’mère… une des plus touchantes inspirations de l’illustre poète… Vous avez, entre autres, souligné ces vers, d’une naïveté enchanteresse, que j’aime autant que vous les aimez…

Berthe croyait rêver en voyant le sang-froid du prince. — Que dites-vous ? — reprit-elle — j’ai passé la journée d’hier et d’aujourd’hui avec…

— Avec une meurtrière… Oui… Mais écoutez, que ces vers sont adorables… Pauvres petits enfants !

Tu nous trouveras morts près de la lampe éteinte ;
Alors que diras-tu ? Quand tu t’éveilleras,
Tes enfants à leur tour seront sourds à ta plainte.
Pour nous rendre la vie…

— Grand Dieu ! s’écria Berthe, en interrompant Arnold ; — mais c’est donc votre femme qui est coupable de ces tentatives de meurtre ? Pourtant vous nous aviez dit…

— Ce n’est pas ma femme, — reprit le prince en replaçant le livre sur la tablette ; — mais c’est, si je ne me trompe… son âme damnée… cette jeune fille au teint cuivré…

— Iris !…

— Iris… j’en suis même à peu près sûr.

— Et votre femme ?

— Ignorait tout… j’aime à le croire.

— Et vous gardez ce monstre auprès de vous, dans votre maison ? Mais si elle renouvelait ses tentatives ?