Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/208

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— Eh bien ! — dit Arnold avec un sourire à la fois si mélancolique, si calme et si doux, que les yeux de Berthe se mouillèrent de larmes.

— Comment, eh bien ! s’écria-t-elle ; — et si… ; mais cette idée est horrible….

— Si elle recommençait ses expériences, ma chère sœur…, et qu’elle réussît, je lui en saurais gré.

— Que dites-vous ?

— Franchement, quelle est ma vie désormais ? Pendant ces quelques jours passés près de vous, l’ivresse du présent m’empêchera de songer à l’avenir ; mais après ? De deux choses l’une…, ou nous serons heureux… Et, malgré votre indifférence pour votre mari, mon bonheur vous coûtera tant de larmes… tant de remords…, noble et loyale comme vous l’êtes, que mon amour vous causera autant de chagrins que les cruautés de votre mari… Si, au contraire, les circonstances nous forcent de nous séparer, que restera-t-il ? l’oubli !!! Malgré les serments de se souvenir toujours, hélas ! il y a quelque chose de plus horrible que la mort de ceux que nous aimons… c’est l’oubli de cette mort ! Vous le voyez… quel avenir ! Avec vous, il n’y en aurait eu qu’un de possible pour votre bonheur et pour le mien… c’était de vous épouser… Mais c’est un rêve ! eh bien ! ne vaut-il pas mieux que cette bonne et prévoyante bohémienne soit là comme une providence mortuaire, et qu’elle fasse de moi ce que, je l’avoue, je n’au-