Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/30

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de l’exaltation de Pierre Raimond, et répondit :

— Je ne nie pas l’énergie un peu farouche de Michel-Ange ; il était, malheureusement, d’un caractère morose, fier, taciturne, ombrageux, altier et difficile.

— Malheureusement !… Qu’entendez-vous par ce mot… malheureusement ?

— J’entends qu’il était malheureux, pour les sincères admirateurs de ce grand homme, de ne pouvoir nouer avec lui des relations agréables et douces.

— Je l’espère bien… Est-ce que vous le prenez pour un Raphaël, pour un homme banal comme votre héros ? Car — ajouta le graveur avec un accent de dédain — il n’y avait personne au monde d’un caractère plus facile, plus insinuant, plus aimable que votre Raphaël.

— Vous reconnaissez au moins ses qualités…

— Ses qualités !!! c’est justement à cause de ces qualités insupportables que je le déteste comme homme… quoique je le vénère comme artiste.

— Et moi, mon cher monsieur Raimond, c’est justement à cause des défauts du caractère diabolique de Michel-Ange qu’il m’est antipathique, comme homme, quoique je m’incline devant son génie.

— Votre admiration n’est pas naturelle ; elle est forcée… elle est exagérée — s’écria le graveur.

— Comment ! — dit Arnold stupéfait — vous détestez Raphaël à cause de ses qualités… Moi, je