Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/35

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ami — dit Arnold ; — Dieu merci ! je n’ai rien fait dont j’aie à rougir… Seulement, j’ai honte de ma faiblesse… j’ai honte d’être encore si sensible à des souvenirs qui devraient être aussi méprisés qu’oubliés.

— Ne craignez rien ; nous vous comprendrons… nous vous plaindrons. Ma pauvre enfant a souvent aussi bien pleuré ici à propos de souvenirs qui, comme les vôtres, devraient être aussi méprisés qu’oubliés.

— Mon père !

— Tenez… Arnold — dit le graveur — si je désire votre confiance, c’est que nous aussi nous aurions peut-être de tristes aveux à vous faire…

— Vous aussi, vous avez été malheureux ? — dit Arnold.

— Bien malheureux — répondit le vieillard ; — mais, Dieu merci ! ces mauvais jours sont, je crois, passés. Il me semble que vous nous avez porté bonheur. Non seulement vous m’avez sauvé la vie, mais, cette vie, vous me l’avez rendue charmante. Oui, depuis bien longtemps je n’avais rencontré personne dont l’esprit eût autant de rapports avec le mien. Je ne sais quelle est l’influence de votre heureuse étoile ; mais, depuis que nous vous connaissons, ma pauvre Berthe elle-même est moins triste… ses chagrins domestiques semblent adoucis… Vous avez enfin été pour nous l’heureux augure d’une vie douce et calme.

— Oh ! ce que vous dit mon père est bien vrai,