Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/43

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— C’est d’une inconcevable hypocrisie… — dit Pierre Raimond.

— Oh ! non, non, elle n’était pas coupable, son calme le prouve — dit Berthe.

— Je pensais comme vous — reprit M. de Hansfeld ; — il y avait tant de sincérité dans son accent, dans son regard ; ses paroles étaient si naturelles, qu’accablé de remords, de honte, je tombai à ses pieds en fondant en larmes et en lui demandant pardon… Elle me regarda d’un air surpris. Je n’osai m’expliquer davantage. Innocente, mon soupçon était un abominable outrage. Je lui répondis que je craignais de l’avoir contrariée la veille… Elle me crut, et cette scène n’eut pas d’autre suite.

Comment vous expliquer ce qui se passa en moi depuis ce jour… Mon fol amour pour Paula augmenta pour ainsi dire en raison des torts que je me reprochais envers elle ; je ne pouvais me pardonner d’avoir osé accuser une femme qui m’avait donné tant de preuves de franchise.

— En effet — dit Berthe — lorsque vous avez demandé sa main, pourquoi vous aurait-elle dit que son cœur n’était pas libre, au risque de manquer un mariage si avantageux pour elle ?… Non, non ; elle était innocente de cet horrible crime.

— Et vous n’aviez pas d’ennemis ? — dit Pierre Raimond.

— Aucun, que je sache…

— Mais comment vous êtes-vous expliqué la mort subite, convulsive, de cet épagneul, mort