Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

elle courait les fêtes et s’informait à peine de moi. Cette dureté de cœur me révolta… Ou ma femme était coupable, et ma générosité à son égard aurait dû toucher l’âme la plus perverse, ou elle était innocente, alors les accès de douleur auxquels je me livrais après l’avoir vaguement accusée auraient dû l’émouvoir.

— Mais pourquoi n’avez-vous jamais, avec elle, abordé franchement cette question ? Pourquoi n’avoir jamais nettement formulé vos reproches ? — dit Pierre Raimond.

— Songez-y ; il me fallait lui dire : — Je vous soupçonne, je vous accuse d’avoir voulu m’assassiner deux fois… Ne pouvais-je pas me tromper ?

— En effet, cette position était affreuse — dit. Berthe. Et le dernier trait qui a amené votre séparation, quel est-il ?

— Il y a très peu de temps de cela — dit M. de Hansfeld en baissant les yeux. — J’occupais avec ma femme une maison isolée : je ne sais pourquoi mes soupçons étaient revenus avec une nouvelle violence ; je sortais rarement de mon appartement. Quelquefois pourtant, le soir, je montais à un petit belvédère situé au faîte de notre demeure ; c’était une espèce de terrasse très élevée, entourée d’une légère grille à hauteur d’appui, sur laquelle je m’accoudais ordinairement pour regarder au loin les tristes horizons que présente une grande ville pendant la nuit ; je passais là quelquefois de longues heures dans une rêverie profonde. Un soir, la Pro-