Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/61

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ridicule. Quant à la question d’intérêt, vous le savez… c’est contre mon gré que vous m’avez si magnifiquement avantagée ; je trouve naturel que vous reveniez sur ces dispositions.

— Tant d’hypocrisie dans les paroles, tant d’audace dans les actions les plus criminelles — dit le prince à demi-voix et comme s’il se fût parlé à lui-même — voilà ce qui confondait ma raison et me faisait toujours douter des crimes de cette femme. Heureusement, à cette heure, elle est dévoilée tout-à-fait… car mon fatal amour est éteint…

Puis il reprit en s’adressant à Paula :

— Je suis venu ici, madame, pour vous ordonner de presser les préparatifs de votre départ. Il faut que demain soir vous ayez quitté Paris…

— Monsieur… je ne quitterai pas Paris…

— Vous préférez alors que je parle, madame ?

— Voilà plusieurs fois que vous me faites cette menace, monsieur…. Pour l’amour du ciel, parlez donc… je saurai enfin ce que vous avez à me reprocher…

— Vous comptez trop sur le respect que j’ai pour mon nom et sur ma crainte d’un terrible scandale. Prenez garde… ne me poussez pas à bout. Croyez-moi, partez… partez…

— Franchement, monsieur, je ne suis pas votre dupe… vous voulez m’effrayer… me forcer de quitter Paris… et pourquoi ? pour faire croire aussi à votre départ et conserver ainsi plus facilement votre incognito…