Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/63

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parlez de folie…, mais c’est vous qui êtes folle, malheureuse femme, de jouer ainsi que vous le faites avec votre destinée.

— L’avenir prouvera qui de vous ou de moi est insensé, monsieur. Il y a longtemps d’ailleurs que vous m’avez habituée aux égarements de votre raison… je ne sais si à cette heure même vous êtes dans votre bon sens. En tout cas, retenez bien ceci : je vous déclare que si vous vous obstinez à me faire quitter Paris… je fais tout savoir à M. de Brévannes.

— Silence, madame… silence.

— Soit, je me tairai… mais vous savez à quelles conditions.

— Des conditions à moi… vous osez m’en imposer…

— Je l’ose, car je veux croire qu’à part votre monomanie de m’adresser des reproches incompréhensibles, vous êtes ordinairement un homme de bon sens… Nous avons des motifs de nous ménager mutuellement sur certains sujets… Votre raison n’est pas très saine, je pourrais me mettre sous la protection des lois ; mais il me répugnerait d’attirer l’attention publique par un procès contre vous et de livrer à la malignité des curieux les secrets de notre intérieur… Vous devez craindre de votre côté que M. de Brévannes n’apprenne que vous vous occupez de sa femme… restons donc dans les termes où nous sommes… Je n’ai aucune prétention sur votre cœur… le mien ne vous a jamais