Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

confiance qui rend certaines relations si douces entre les gens de bien…

— Ah ! monsieur — dit Berthe au prince, avec un accent de tristesse profonde — vous ne savez pas tout le mal que nous cause votre conduite peu loyale… Mon père avait en vous une foi si aveugle…

— Je mérite ces reproches… et c’est volontairement que je suis venu m’y exposer.

— Mais qui êtes-vous donc, monsieur ? — s’écria le graveur.

— Le prince de Hansfeld !… — dit tristement Arnold en baissant la tête.

— Vous habitez l’hôtel Lambert… ici près ?

— Le prince de Hansfeld ! répéta Berthe avec une surprise mêlée d’intérêt et d’effroi.

— En vous racontant sous un nom supposé les suites funestes de mon mariage, je vous disais vrai ; mon nom seul avait été changé. Alors, convaincu de la culpabilité de ma femme, surtout après la dernière tentative que je vous ai racontée, j’étais décidé à l’obliger de quitter la France… Aujourd’hui même, j’aurais fait répandre le bruit que je partais avec elle, abandonnant l’hôtel Lambert ; conservant précieusement l’incognito à l’abri duquel je m’étais créé des relations si chères, je voulais vivre obscurément… ou plutôt heureusement dans une retraite voisine de la vôtre… Quelques promenades, ma solitude et notre intimité chaque jour plus resserrée, voilà quelle était mon ambi-