Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/97

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tion… Il me faut renoncer à ces rêves… Hier, en vous quittant, je suis entré chez madame de Hansfeld ; irrité de voir que ses préparatifs de départ n’étaient pas encore faits, exaspéré par son audace, j’articulai enfin le terrible reproche que je n’avais jamais eu le courage de lui faire.

— Et elle n’était pas coupable ? — s’écria Berthe. — Ah ! je le savais bien… de tels crimes étaient impossibles.

— Ma femme était innocente — répéta M. de Hansfeld ; — elle s’est justifiée avec franchise et dignité… Les raisons qu’elle m’a données m’ont paru convaincantes ; et un vieux serviteur, en qui j’ai toute confiance…, m’a confirmé… qu’il avait été matériellement impossible à madame de Hansfeld de faire aucune de ces trois tentatives sur ma vie… Je ne puis dire les impressions contraires dont je fus agité après cette découverte… Tantôt je m’applaudissais d’avoir, malgré les preuves en apparence les plus positives, écouté la voix secrète qui me disait : Elle est innocente ; tantôt je me reprochais vivement les accusations, les réticences bizarres qui avaient dû torturer cette malheureuse femme, et changer en haine la faible affection qu’elle me portait ; je songeais avec douleur aux chagrins que mes soupçons odieux lui avaient causés ; je le sentais, j’avais beaucoup à expier, beaucoup à me faire pardonner. Cette découverte n’a pas ranimé mon amour pour ma femme…, il s’est à jamais éteint au milieu de ces doutes inces-