Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/98

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sants ; mais par cela même que je ne l’aime plus, je dois redoubler envers elle d’égards et de soins… Maintenant… voici pourquoi je viens vous apprendre une chose que vous eussiez peut-être toujours ignorée… Je regarderais comme indigne de moi de surprendre, grâce à des faits dont à cette heure je connais la fausseté, un intérêt qui eût encore resserré les liens d’affection qui nous unissaient… Bien souvent même j’avais été sur le point de vous révéler mon véritable nom… mais la crainte d’exciter votre indignation par cet aveu tardif m’a toujours retenu… Maintenant vous savez tout… encore une fois, je ne veux pas nier mes torts ; seulement songez à ce que je souffrais, aux consolations ineffables que je trouvais ici, et peut-être me pardonnerez-vous d’avoir reculé devant la crainte de perdre un pareil bonheur.

Pierre Raimond était resté pensif pendant que M. de Hansfeld parlait ; peu à peu sa dure physionomie perdit son expression d’amertume et de colère ; un peu avant qu’Arnold eût cessé de parler, Pierre Raimond fit même un signe de tête approbatif en regardant Berthe, comme pour applaudir aux paroles de M. de Hansfeld. Berthe, les yeux baissés, était dans une tristesse profonde ; elle connaissait trop son père pour espérer qu’après l’aveu du prince il consentirait encore à le recevoir ; il lui fallait donc renoncer à la seule consolation qui l’aidât à supporter ses chagrins ; cette idée était affreuse.