Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1879-1888.djvu/166

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Mon père, il m’en souvient, a raillé ton audace
______D’avoir offert ton nom
A sa fille ! à Stella, d’une superbe race
______Unique rejeton !

Terrestre orgueil ! bien vain, car la chaîne est bien forte
______D’un cœur qui s’est donné !
Ah ! ce père obéi, l’amour dont je suis morte.
______Me l’a-t-il pardonné ?

Mais il pleure, et son deuil désarme ma censure.
______Puisque je t’appartiens,
S’il m’a meurtri le cœur, je bénis la blessure
______Qui m’a mise où tu viens !

faustus

Au monde où tu renais quel bienfaiteur m’envoie,
Et, soudain, dans le vide obscur du désespoir
Verse comme un soleil l’infini de la joie,
Tout ce que l’âme en peut tenir et concevoir ?

Me sentir délivré, comme par un coup d’aile,
Des chaînes et des murs que les hommes se font.
Descendre dans la nuit qui les prend pêle-mêle
Et retrouver l’amour et la lumière au fond !