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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

(Il n’y a pas de témoignage solide qui constate la tentative de colonisation de ce personnage.)

1534. Cartier parcourt le golfe Saint-Laurent. L’année suivante (1535–6), il hiverne à Québec, mais ne crée aucun établissement.

1541. Troisième voyage de Cartier. Il s’enferme tout l’hiver au cap Rouge et s’en retourne, dégoûté, au mois de mai 1542. Roberval débarqué au cap Rouge au mois de juillet, avec sa colonie de criminels, y passe deux hivers, et, par ordre du roi, Cartier vient le prendre, ainsi que tout son monde, et les transporte en France au printemps de 1544.

1545–68. La famille de Cartier ne songe pas à coloniser le Canada. Elle jouit de son privilége en faisant la traite, mais rien de plus.

1578 (d’autres disent 1598). Le marquis de la Roche échoue avec sa colonie de criminels, sur l’île de Sable. Après quelques années, ce qui reste des misérables ainsi transportés est ramené en France.

1588. Noël et Chaton obtiennent le monopole du commerce du Canada, avec faculté d’y conduire des criminels pour l’exploitation des mines. Le privilége demeure sur le papier.

1599. Compagnie Pontgravé-Chauvin. Les seize hommes laissés à Tadoussac pour attendre le retour des navires, au printemps de 1600, meurent de froid, de faim ou de maladies, ou sont mangés par les Sauvages.

1601. Troisième voyage de Chauvin. Il n’en résulte aucun établissement.

1603. L’expédition envoyée par le commandeur de Chaste explore le Saint-Laurent jusqu’à Montréal.

1604. De Monts s’arrête à l’île Sainte-Croix, côte du Nouveau-Brunswick. L’année suivante, il passe à Port-Royal, en Acadie ; mais, en 1607, cette colonie, dont la base n’est point agricole, est abandonnée.

1608. Champlain érige une habitation à Québec. Jusqu’à 1617, on n’y fait absolument que la traite.

1610. Poutrincourt rétablit Port-Royal. En 1613, les Anglais en chassent les Français et brûlent le poste.

1613. Québec possède un commencement de culture à l’usage de l’habitation de Champlain.

1617. Louis Hébert arrive de France avec sa famille et reçoit une terre.

Maintenant, que répondre aux écrivains qui disent, en parlant de ce siècle (1518–1617) : « Comme dans les autres colonies, on envoya au Canada des repris de justice, qui y fournirent le premier noyau de la population » ?

Où est la preuve de cette prétendue origine des Canadiens-français ?

La preuve ! elle est facile à produire, s’écrient les historiens en question. N’avons-nous pas les lettres adressées à Cartier, Roberval, Noël et Chaton, la Roche, qui portent expressément : « vous prendrez dans les prisons du royaume tel nombre de criminels… » ?

Sur un subterfuge aussi méprisable, on appuie toute l’accusation. Qu’on dise donc plutôt ce qu’ont produit les démarches de Cartier, Roberval et les autres, du côté des établissements fixes, ou de la formation des familles, avant Louis Hébert ! Nous défions nos