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CHAPITRE IV


Origine des Sauvages de l’Amérique. — Sauvages du Canada, de 1492 à 1665.



A

plus d’une reprise, nous avons parlé des Sauvages. Quels étaient ces gens ? D’où venaient-ils ?

Nous nous permettrons d’affirmer que leur présence en Amérique n’a rien d’étrange. Remontons un instant le cours des siècles.

Au commencement, dit l’Écriture, l’esprit de Dieu flottait sur les eaux. Il n’y avait pas de terre visible.

La croûte solide qui retient captifs les feux du centre de la boule n’avait pas encore subi la pression des forces renfermées dans ses flancs.

Quand les secousses, les déchirures, les étirements se produisirent, une déformation eut lieu dans cette enveloppe. Des plateaux, des pitons apparurent au-dessus de la mer universelle.

C’est l’Amérique qui surgit la première des profondeurs de l’abîme, n’en déplaise au « vieux » continent d’Europe.

Le Canada possède, dans les Laurentides, les indications les plus manifestes et les plus anciennes de ces bouleversements.

Notre pied-à-terre en ce monde réputé « nouveau » est d’une date qui fait pâlir la géologie du reste des continents.

Alors, pourquoi le sol d’Amérique, préparé de si bonne heure, n’aurait-il pas été peuplé sans retard par les premières familles qui se détachèrent du groupe primitif ? Ce qui s’est fait si aisément plus tard ne devait pas être impossible aux fils d’Adam qui se partageaient le monde.

Qu’une branche soit venue en Amérique et qu’elle y ait prospéré, rien en cela qui puisse surprendre.

L’Asie et l’Amérique ont pu, et ont dû être unies autrefois. Elles se tiennent encore de si près, malgré les tremblements de terre et les cataclysmes de l’eau et du feu, que le point de jonction n’est presque pas rompu.