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CHAPITRE VIII


1753-60


Résumé de la guerre de Sept Ans. — Capitulations de Québec et de Montréal.


F

rédéric de Prusse ayant voulu enlever à Marie-Thérèse d’Autriche la province de Silésie, le roi de France se prononça en faveur de l’Autriche et, durant huit huit années (1741-1748) on se massacra en Europe et en Amérique avec le plus parfait enthousiasme. Les troupes de France, échelonnées depuis les grands lacs jusqu’à Québec ne dépassaient pas mille hommes. La garnison de Louisbourg était de sept à huit cents soldats. Le gouverneur fit appel aux Canadiens, et ceux-ci prirent les armes qu’il ne devaient déposer que dix-sept ans plus tard (1744-1760). Il est vrai que par le traité d’Aix-la-Chapelle (1748) les puissances cessèrent un moment la lutte, mais de ce côté ici de l’océan, il n’y eu qu’une paix indécise, assez souvent interrompue, par des marches et des contremarches militaires. Dès 1752, nous faisions nos préparatifs pour une grande guerre, voyant que les Anglais mettaient toute leur habileté à s’emparer de l’Amérique.

La monnaie de carte était préférée aux « ordonnances » parce que, dans les réductions sur les lettres de change, les cartes n’étaient pas comprises. Ces réductions avaient lieu lorsque la dépense du roi en Canada était extraordinaire et la valeur des papiers portés au trésor plus élevée que le crédit ouvert par le ministre chez les trésoriers des colonies. Alors la valeur des cartes se payait toute entière en lettres de change et la réduction ne tombait que sur les « ordonnances. » La réduction était remboursée aux particuliers en cartes, pour lesquelles on donnait ensuite des lettres de change. Ce système d’attente et d’imprévu profitait aux usuriers. En 1753, les dépenses de la colonie ayant augmenté de beaucoup, on décida de ne plus payer en entier la monnaie de carte, dernière ressource financière des habitants. Les cartes présentées en 1754 furent payées par des lettres de change remboursables en trois ans. Les marchandises augmentèrent de quinze à vingt par cent, et la main d’œuvre à proportion. Cet expédient se continua jusqu’à la perte du pays, allant de pire en pire.