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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

server des mauvaises conséquences de la conquête et nous en assurer les bonnes, » écrit M. Étienne Parent. Après de fortes études au séminaire de Québec, il embrassa la carrière du barreau et ne tarda pas à prendre un rang distingué dans sa profession ; il fut, dit une notice publiée lors de son décès en 1829, « reconnu pour le premier avocat de son temps. » « Profond penseur, grand logicien, esprit lucide, intelligence vigoureuse, mais rassise, il avait besoin pour s’animer du froissement de la discussion et c’était surtout dans la réplique, raconte M. Parent, que ses moyens oratoires se manifestaient. »

La famille Papineau est originaire du village de Montigny au Poitou. Samuel Papineau, baptisé en 1670, vint en Canada avec les troupes et épousa, à la rivière des Prairies, le 6 juin 1704, Catherine Quevillon ; il mourut en 1737. Son petit-fils, Joseph, né en 1750, fit son cours au séminaire de Saint-Sulpice et entra à l’étude de Jean-Guillaume Delisle, père, le même qui porta en Angleterre les plaintes des Canadiens. Après quelques années, il était à la tête d’une belle clientèle comme notaire et arpenteur. En 1775, pendant l’occupation américaine, il se dévoua, avec M. Lamothe, pour transmettre des dépêches au gouverneur Carleton, enfermé dans Québec, et tous deux firent le voyage à pied, allant de presbytère en presbytère ; ensuite ils s’enrôlèrent dans la compagnie du capitaine Marcoux pour défendre la capitale. M. Papineau employa toute son influence pour décider ses compatriotes à signer les nombreuses pétitions qu’on ne cessait d’envoyer en Angleterre, de 1783 à 1790 dans lesquelles on demandait une chambre élective et au nom des Canadiens des droits politiques égaux à ceux des Anglais. C’est alors que son talent oratoire se révéla, aussi fut-il élu en 1791 par le comté de Montréal et de suite regardé comme l’un des plus forts jouteurs de notre petit monde politique. « De 1792 à 1804, dit M. L.-O. David, il combattit vaillamment, toujours au premier rang ; ses discours électrisaient la chambre d’assemblée et allaient répétés de bouche en bouche, porter le courage et le patriotisme dans le cœur de la population. C’était le premier orateur des deux chambres, l’homme le plus populaire de son temps, estimé de ceux même qu’il combattait. Ayant acquis, en 1804, du séminaire de Québec, la seigneurie de la Petite-Nation, il quitta la chambre pour s’occuper d’exploiter cette propriété, mais en 1809, le parti libéral le força à sortir de sa retraite pour aller porter aux membres de la chambre le secours de son éloquence et de son patriotisme. »

Christophe Taschereau, conseiller du roi, directeur de la monnaie et trésorier de la ville de Tours, eut un fils, Thomas-Jacques, qui s’établit dans la Nouvelle-France, y devint trésorier de la marine, conseiller au conseil supérieur, se maria (28 janvier 1728) avec Marie-Claire, fille de Joseph Fleury, sieur d’Eschambault et de la Gorgendière, reçut (1736) une seigneurie à la rivière Chaudière, contribua avec François-Étienne Cugnet à la fondation des forges Saint-Maurice, et mourut en 1749, laissant huit enfants dont cinq garçons : Joseph, officier dans l’armée, qui décéda à Saint-Domingue ; Charles-Antoine, major de Québec, chevalier de Saint-Louis, retiré en Touraine après la conquête ; Pierre-François qui demeura à Québec ; Gabriel-Elzéar, dont les talents et la piété ont mérité les plus beaux éloges. Seigneur de Sainte-Marie de la Beauce, de Linière, de Joliet, etc., colonel de milice, membre