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de semblables dans les grottes du Caucase. Si le secret en a été perdu, c’est la faute… à Papineau. En tout cas, M. Baudre l’a retrouvé.

Ce chercheur étrange procède d’après une idée simple mais difficile à exécuter.

Une pierre frappée d’un marteau rend un son. Ayez des pierres qui répondent à chaque note de la gamme et vous ferez de la musique.

Le silex ou caillou, ou pierre à fusil, est très dur et très résonnant. Suspendu par un fil et heurté à l’aide d’un autre caillou, il dégage une vibration pénétrante, non pas rude, qui se répand, nette et claire, dans la salle la plus spacieuse. Il ne s’agit que de taper dessus — et vos pianos ne demandent plus qu’à se cacher.

Pour arriver à monter sa gamme, M. Baudre a fouillé une montagne, une plaine, que sais-je ! Sur dix mille silex il en trouvait un qui répondait à la note voulue. On parle de la patience des Chinois, allons donc ! c’est de la Champagne que nous vient le vrai, le seul, l’unique phénomène de ce genre.

Saviez-vous que certaines pierres rondes sont insensibles à la mélodie ? Shakespeare soutient qu’il faut se défier d’un homme qui n’aime pas la musique. Disons à notre tour : « Il y a un mauvais caractère dans la pierre ronde. » Confions-nous au silex allongé, ni plat, ni droit, ni mince, ni gros. D’ailleurs, cherchez, et au bout de vingt-quatre ans, vous aurez mis vos pièces d’accord.

Le son ne se produit pas également le même dans toutes les parties de la pierre. Certaines espèces donnent jusqu’à trois notes. Il faut les assortir de manière à leur toucher le cœur. Des pierres qui chantent doivent avoir un cœur.

M. Baudre a aussi du cœur, et beaucoup et de l’ima-