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préface

passé riche de souvenirs, tout un monde dont l’ignorance nous empêcherait de comprendre ce qu’est devenue une catégorie d’hommes et de choses qui compte parmi les plus curieuses de notre pays : tout ce qui provient des Forges. On ignore même, aujourd’hui, que les Forges ne furent point une colonie canadienne, mais qu’elles étaient formées par des artisans de la Bourgogne qui, jusqu’à 1850, conservèrent leurs habitudes particulières et offraient un contraste des plus curieux avec l’ensemble des coutumes du Canada.

Établissement unique en son genre et privilégié, sa création fut un immense bienfait pour le pays. Il succomba lorsque le monopole cessa d’exister. C’était une chose, un monde à part. M. Benjamin Sulte qui a séjourné aux Forges dans sa prime jeunesse, soit aux environs de 1850-60, les a vues dans toute leur activité, et nous l’avons entendu dire qu’il avait tant bu de l’eau chargée de fer du ruisseau de la grande forge qu’il espérait bien vivre cent ans. Ce qui est plus certain, c’est qu’il a commencé jeune à recueillir des renseignements sur ces lieux historiques. Les premières pages de ce livre datent de 1869, leur auteur ayant cru bon d’écrire ses impressions sur le plus ancien de nos foyers métallurgiques alors même que son activité commençait à ralentir. Mais cette histoire des Forges est aussi tirée des Archives fédérales. Faut-il s’étonner que M. Sulte les connaisse si bien ? En guise de réponse, nous dirons qu’au temps où M. Sulte était député-ministre de la milice, les Archives logeaient au sous-sol des bureaux de ce ministère. Jusqu’en 1903, il a donc eu la bonne fortune de les consulter au fur et à mesure qu’elles nous arrivaient d’Europe ou d’ailleurs. De 1883 à 1887, Joseph Marmette, notre romancier, alors attaché au service des Archives, retrouve en France une bon-