Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
PAPINEAU ET SON TEMPS

du plomb. Par bonheur, ils se firent reconnaître à temps, et bientôt après le gouverneur recevait les précieuses lettres qui annonçaient de grands secours dès l’ouverture de la navigation. Là-dessus, les miliciens firent la promesse de tenir bon jusqu’à l’arrivée de la flotte, et l’on sait qu’ils ne reculèrent pas.

Papineau et Lamothe, ne voulant pas se faire pendre par les Américains en retournant chez eux, devinrent soldats de la garnison de Québec dans la compagnie du capitaine Marcoux et ne rentrèrent à Montréal qu’après le départ des troupes étrangères du Canada.[1]

M. Delisle fut chargé en 1783 d’aller en Angleterre, avec deux autres délégués, demander une constitution pour la colonie.[2] C’était l’époque où Pierre Ducalvet, sortant des prisons de Québec, publiait à Londres un livre intitulé Appel à la justice, et réclamait le gouvernement responsable pour le Bas-Canada.

Jusque-là, Joseph Papineau avait travaillé à s’instruire et il savait parfaitement quelle différence il y a entre un gouvernement absolu, comme celui de la monarchie française, et un État constitutionnel comme l’Angleterre. En un mot, il était armé pour l’avenir et avait réfléchi sur la conduite qu’il devait tenir si jamais il entrait dans la vie publique. De 1783 à 1790, il employa toute son influence pour décider ses compatriotes à signer les pétitions qui furent envoyées en Angleterre, dans lesquelles on demandait une chambre élective et, au nom des Canadiens, des droits égaux à ceux des Anglais. C’est alors que son talent oratoire se révéla.

  1. L.-O. David, les Deux Papineau, p. 13, 14.
  2. Voir Mélanges historiques, vol. I, p. 114, 115.