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PAPINEAU ET SON TEMPS

ne pouvait se recruter que dans une classe de pauvres gens et il ne représentait que les favoris du pouvoir.

En Angleterre, un employé du gouvernement ne peut avoir de siège dans aucune des chambres. Au Canada, ces fonctionnaires étaient admis partout et votaient comme les autres membres des chambres.

En Angleterre, les ministres nommés par les chambres soumettaient le budget aux Communes et les dépenses étaient expliquées item par item afin d’être votées en détail, en parfaite connaissance de cause. Au Canada, le conseil exécutif, indépendant de l’assemblée législative ou populaire, envoyait à celle-ci une liste des dépenses requises, arrangées sous quatre ou cinq titres en bloc, et encore cette liste ne couvrait-elle que le tiers des besoins de l’année. Si la chambre acceptait, très bien ; si elle refusait, c’était pareil, on prenait à même le trésor.

Voilà la constitution qui passait pour être une copie de celle de la Grande-Bretagne. Elle était bien imparfaite, et pourtant jamais rien de pareil n’avait été octroyé aux colonies par aucune puissance. Pitt pouvait se proclamer avec raison le plus libéral des ministres et des rois présents et passés.

Il y avait dans la colonie, comme en Angleterre, un parti ancré dans la vieille école européenne qui maudissait l’œuvre de Pitt, parce que l’on pensait que les Canadiens allaient pouvoir en profiter pour se faire entendre en haut lieu. Ce parti se qualifia lui-même d’« anglais ». Par contre, le parti de Joseph Papineau et de Pierre Bédard s’appela « canadien ».

Les Anglais commencèrent à manifester leur dépit et leur mécontentement lorsque l’on vit les Canadiens élire des Canadiens, ou encore des Anglais