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PAPINEAU ET SON TEMPS

décidés à suivre Papineau. Ils ne se gênaient pas de dire que le devoir des habitants était d’envoyer en chambre des Anglais, autant qu’ils en pourraient trouver, mais du parti « anglais ».

Sur cette base insolente et injuste il n’y avait pas moyen de s’entendre, de sorte que l’assemblée législative se composait de quarante-quatre membres marchant ensemble et six soutenant les prétentions de l’oligarchie. Ajoutons que le conseil législatif supportait cette petite poignée d’autoritaires ; que le conseil exécutif était composé de leurs créatures, et que les instructions venues d’Angleterre, de temps à autre, leur donnaient raison à tous.

Le parti anglais partait de ce principe : 1o une colonie ne doit avoir que le moins de liberté possible ; 2o s’il faut relâcher les rênes, plaçons cette liberté entre les mains des Anglais, attendu que les Canadiens sont incapables de se gouverner eux-mêmes.

Et ces jolis principes étaient débités avec sentiment, dans notre intérêt. On ne nous disait pas : « Vous voyez combien je vous aime », mais c’était tout proche d’une déclaration d’amour.

Les ministres de Londres avaient nommé Caldwell receveur-général du Canada, et celui-ci n’avait de compte à rendre à personne dans la colonie. On sut, par la suite, qu’il n’en rendait pas davantage à Londres. Lorsque le gouverneur ou le conseil exécutif avait des dépenses à couvrir, on donnait un bon à Caldwell et tout était dit.

Vers 1818, Louis-Joseph Papineau voulut connaître les registres du receveur, mais on se montra surpris et on s’écria : « Vous êtes bien curieux ! » Il insista. Pour le coup on lui dit qu’il manquait de