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PAPINEAU ET SON TEMPS

respect à Sa Majesté, de qui Caldwell tenait sa place. Bref, de 1792 à 1830 et même plus tard, ce fut un mystère que la question des finances ; la chambre d’assemblée n’a jamais vu les comptes concernant l’argent de la province. En 1823, Caldwell, fils, successeur de son père dans la charge des finances, déclara banqueroute sur un chiffre d’un demi-million de piastres.[1] Les Canadiens n’étaient pas contents ; le parti anglais prétendait que cela ne nous regardait pas.

Il va sans dire que les employés du gouvernement étaient de la même opinion que les ministres de Londres et que le parti anglais du Canada, à l’égard des finances de la colonie. Le patronage était entre les mains de ce parti, au lieu de subir le contrôle de la chambre d’assemblée. Tout était au roi ; donc les Canadiens ne devaient pas prétendre à jouir des prérogatives réservées au seul souverain et aussi à ses conseillers ! Les terres en forêt étaient distribuées aux favoris du pouvoir. Dans toutes les colonies du monde le même système prévalait, et vous n’auriez pas trouvé un Européen pour approuver les folles prétentions des Canadiens.

Mais, dans les autres colonies anglaises, vers 1830, on commença à se dire : « Savez-vous que les Canadiens ont raison ! Pourquoi n’aurions-nous pas chacun chez nous la conduite de nos affaires, au lieu de recevoir des ordres d’une bande d’étrangers qui vivent à nos dépens et nous méprisent ? »

  1. La faillite du receveur-général Caldwell éclata en 1823, mais elle était connue depuis longtemps par l’insolvabilité de ce fonctionnaire. On constata un déficit de £96,000, mais seulement sur ce que l’on put connaître. Il n’y avait aucune décharge du trésor postérieure à 1814, quoique l’on parvint à établir quelques balances jusqu’à 1819.