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PAPINEAU ET SON TEMPS

La Nouvelle-Écosse comprit la situation ; ensuite le Haut-Canada se mit à réfléchir. L’idée du « self-government » faisait son chemin au dehors du Bas-Canada — mais Louis-Joseph Papineau n’en était que plus attaqué. Lorsqu’il exposait devant le public les noms de divers personnages qui demeuraient en Angleterre, mais qui recevaient de gros salaires pour de prétendues fonctions dans le gouvernement du Canada, on doit s’imaginer si le peuple se montrait content ! Jusqu’au poète Thomas Moore qui touchait de $1,500 à $2,000 par année sous prétexte d’un emploi qu’on lui avait donné à Montréal et qui, une fois dans sa vie, passa quinze jours au Canada — pour composer sa fameuse chanson de voyageurs.

Vous comprenez maintenant que Papineau père et fils avaient de la besogne toute taillée devant eux et qu’ils n’étaient pas à la peine d’imaginer des griefs pour appuyer leurs réclamations.

Les discours des chefs canadiens prouvaient leur compétence à juger les affaires publiques ; pourtant, la réponse qu’on leur adressait était toujours pour les dissuader d’une ambition qui dépassait leurs forces, croyait-on. On leur disait : « Vous êtes étonnants. Quoi ! vous qui vous êtes si bien comportés en tout temps, dans la guerre comme dans la paix, vous demandez à usurper les privilèges du roi et à vous charger de gouverner la colonie ! Allons, braves gens, laissez-nous ce fardeau et vous n’en serez que mieux. »

Lorsqu’un officier de milice se permettait de parler de réforme, il était réprimandé. Plusieurs se virent retirer leurs commissions, entr’autres Bédard, Panet, Borgia, Taschereau et Blanchet.