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PAPINEAU ET SON TEMPS

sives du pouvoir. Enfin, Pierre Bédard et les deux Papineau faisaient entendre la grande voix des libertés politiques qui allait remuer le pays durant trente ans.

L’enquête de 1828 devant la chambre des Communes de Londres a été imprimée et forme un volume des plus instructifs. On y trouve à peu près toute la question coloniale sous la forme qu’elle affectait en Canada depuis non seulement la constitution de 1791, mais en remontant à 1763. Ce livre bleu suffirait à lui seul pour nous expliquer Papineau et son temps si nous n’avions pas, d’autre part, de nombreux documents pour nous éclairer.

L’enquête n’amena guère de changements dans l’administration de la colonie, mais elle fournit un sujet de réflexion à plusieurs hommes publics déjà disposés à sortir des vieilles idées relatives aux possessions d’outre-mer. C’était l’époque de l’agitation d’O’Connell en faveur de l’Irlande et de l’émancipation des catholiques. L’aube de la liberté des colonies se mêla au rayon matinal de la réforme qui allait s’opérer en Angleterre dans plusieurs branches de la politique active et pratique. Pour nous, ce fut juste un pas de gagné, pas beaucoup plus.

En 1834, Papineau, formulant les Quatre-vingt-douze Résolutions, pouvait dire que l’on en était encore à 1828 ou mieux à 1807, sinon plus arriérés encore ; et pourtant aucune colonie ne possédait autant de liberté que nous, d’après ce raisonnement que, dans le royaume des aveugles les borgnes sont rois. Il fallait plus de lumière que cela pour satisfaire les Canadiens.[1]

  1. Les Quatre-vingt-douze Résolutions ont été publiées avec commentaires incomplets par le Dr N.-E. Dionne dans sa Galerie historique, vol. 2. M. Sulte eut le dessein dans sa quatre-vingtième année d’interpréter ces résolutions, mais il n’a pas pu exécuter ce projet. La mort l’a frappé au moment où il allait y mettre la plume.