Aller au contenu

Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
PAPINEAU ET SON TEMPS

être, que nous sommes un peuple sans défense, peu nombreux, assez errant, pas du tout commerçant, passionné pour la politique, et ils en concluent que c’est une race de second ordre. Ce n’est pas en les injuriant que nous nous relèverons à leurs yeux. Quant à notre patriotisme, ils nient son existence, et ils ne se trompent pas là-dessus, de nos jours, s’ils le recherchent dans la politique. Nos gouvernants, pour se faire « sirer », ne se plaisent-ils pas à faire toutes sortes de courbettes devant les Anglais ? et en combien de cas n’ont-ils pas été comme des « poules-mouillées » lorsqu’ils auraient dû défendre courageusement nos droits ?

Ah ! que les temps sont changés depuis Papineau !

Dans son discours prononcé à l’Institut Canadien de Montréal le 17 décembre 1867, Louis-Joseph Papineau disait que sous le drapeau britannique il avait le droit si précieux d’exprimer librement ses convictions et sa foi politique, ainsi que le droit de réfuter ceux qui pensent autrement que lui, et il ajoutait : « Ce n’est pas un droit théorique, c’est un droit donné par l’autorité suprême qui éclaire tout homme venant en ce monde et lui a soufflé de faire pour les autres ce que l’on voudrait que l’on fasse pour nous. C’est le droit qui ne fut reconnu qu’en partie par les articles de la capitulation qui disent « ils deviennent sujets anglais ». Ce titre a brisé pour eux le scellé qu’il y avait eu sur leurs lèvres, supprimé l’embastillement par lettres de cachet, pour quoi que ce soit qu’ils diront ou écriront ; ce titre confère le droit à la pleine discussion orale et écrite, l’autorité d’appeler en assemblée publique quiconque voudra bien s’y rendre