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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/58

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PAPINEAU ET SON TEMPS

(sud-est), sont d’une plus grande étendue et susceptibles de contenir une population plus forte que les seigneuries ; ils sont entièrement peuplés d’habitants, formant en tout 40,000 âmes, parlant uniquement l’anglais,[1] ayant un clergé protestant, pour le soutien duquel une partie de ces terres est mise en réserve, et cependant sont soumis aux lois françaises, quoique les terres aient été concédées sous la tenure anglaise du franc et commun soccage. Il n’y a pas de cour de justice dans les limites des cantons de l’Est, et les colons sont obligés de se rendre à Québec, Trois-Rivières et Montréal, souvent à une distance de cent ou cent cinquante milles, à travers un pays où il est difficile et même dangereux de voyager, par suite du mauvais état des routes auxquelles la législature ne semble prêter aucune attention. De plus, ces cantons sont « de facto » sans représentation quelconque dans la chambre d’assemblée. Pour ces motifs, ils se prononcent en faveur du projet de l’union législative des deux provinces.

Les milliers d’émigrés arrivés de la Grande-Bretagne pendant ces dernières années en ont laissé à peine mille dans les cantons de l’Est, le reste a passé aux États-Unis, en voyant ce déplorable état de choses. On estime que cent mille émigrants nous ont ainsi échappé. Les cantons sont persuadés que les Canadiens se regardent comme la nation par excellence et veulent absorber les autres éléments ou leur refuser justice s’ils ne s’assimilent pas. Les Canadiens, sans devoir aucune partie de leur accroissement à l’émigration, ont plus que deux fois doublé depuis la conquête, et ils

  1. Stanstead est le plus gros village. Il n’y a pas de marché public dans les townships.