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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/79

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PAPINEAU ET SON TEMPS

de là s’expatrie en France où il restera jusqu’après l’amnistie, en 1845.[1]

Louis-Joseph Papineau avait une belle grande taille, souple et droite, un port noble, des mouvements gracieux. Tout en lui respirait la bonté. Sa figure au repos était une vraie médaille ; lorsque les traits s’animaient ils parlaient aux yeux, tant la pensée s’y trouvait dépeinte. La voix, sonore, bien timbrée, portait au loin, mais de près, dans une conversation, elle était moyenne et toujours d’un son agréable.

J’ai lu cent lettres écrites de sa main, remplies de passages, longs et minutieux, sur les membres de sa famille et leurs amis. Elles débordent d’affection, de complaisance, de soin pour ceux qui lui appartiennent. Le ton est chaud, la parole est gentille, la forme est gaie. C’est lui tel que je l’ai connu longtemps après, lorsque j’allais dîner, le dimanche, à son manoir de Montebello, car les lettres en question datent de 1810 à 1837.

Ses lectures étaient variées. Sa mémoire excellente lui permettait de puiser dans les livres qu’il n’avait pas ouverts depuis longtemps. En conversation, il se mettait juste au niveau de son interlocuteur. Chacun s’imaginait que Papineau était comme lui-même. La différence d’âge n’existait pas : il était vieillard avec les vieux et jeune avec la jeunesse. Langage approprié et manières ajustées au rôle qu’il prenait ; politesse exquise et pas du tout fatigante, tel était l’idole des

  1. Le soulèvement était comprimé et le gibet avait fait son œuvre quand lord Glenelg, secrétaire d’État pour les colonies, déclara que les plaintes des Canadiens étaient formulées d’après le sens constitutionnel, c’est-à-dire qu’elles n’avaient rien de la révolte. Les troubles de 1837 furent provoqués par les Anglais eux-mêmes.