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Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/81

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PAPINEAU ET SON TEMPS

sur un fond blanc pour exprimer tout ce qu’il veut faire entendre ; c’est plus difficile.

Ses moyens d’existence n’ont jamais été abondants.[1] La vie de chef politique coûte du temps et de l’argent. J’ai vu tant de papiers des deux Papineau que je puis affirmer que ceux-ci ont vécu dans le médiocre, assez près de la pauvreté. Leur seigneurie de la Petite-Nation n’a procuré de l’aisance qu’à Louis-Joseph Papineau, et encore, c’était vers 1850, alors qu’il était âgé de près de soixante-dix ans. Son père et lui avaient travaillé avec ardeur, depuis 1804, à défricher et mettre en valeur ces terres perdues au bout du monde, sur la rivière Ottawa restée sauvage comme il y a deux siècles. Ils ont gagné courageusement le peu d’aisance qu’ils ont goûtée sur la fin de leur vie.[2]

Avocat pratiquant, Papineau eut amassé une fortune princière. Il a préféré servir la cause nationale.[3] Durant plusieurs années, il a refusé de recevoir aucune rémunération en qualité de président de la chambre d’assemblée. Vers 1818, la somme de quatre mille piastres annuellement avait été votée pour

  1. Le 16 juin 1828, Louis-Joseph Papineau écrivait à son frère Denis-Benjamin : « J’aimerais bien à aller à la Petite-Nation si j’avais de l’argent à y dépenser, mais sans cela le voyage me coûterait et je ne vois pas grand chance d’en trouver… »
  2. Après 1845, Louis-Joseph Papineau a été surtout un habitant. De retour d’Angleterre en 1824, il abandonna le barreau et se jeta dans la politique, et en aucun temps il ne parut plus avoir vécu de sa profession d’avocat.
  3. Il n’est pas vrai, quoique je me le suis laissé dire parfois, que Louis-Joseph Papineau ait soigné ses intérêts personnels jusque dans les choses politiques. Mais sa conduite dans l’affaire de la tenure seigneuriale, en 1850, fut celle d’un seigneur et non d’un homme désintéressé. Joseph Tassé, Discours de sir Georges-Étienne Cartier, p. 23, 25.