Page:Sun Zi - L’Art de la guerre, les treize articles, 1996.djvu/73

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celui où il peut être forcé de s’arrêter, lorsqu’il n’aura pas lieu de s’y attendre ; s’il fait mouvoir son armée hors de propos ; s’il n’est pas instruit de tous les mouvements de l’armée ennemie et des desseins qu’elle peut avoir dans la conduite qu’elle tient ; s’il divise ses troupes sans nécessité, ou sans y être comme forcé par la nature du lieu où il se trouve, ou sans avoir prévu tous les inconvénients qui pourraient en résulter, ou sans une certitude de quelque avantage réel de cette dispersion ; s’il souffre que le désordre s’insinue peu à peu dans son armée, ou si, sur des indices incertains, il se persuade trop aisément que le désordre règne dans l’armée ennemie, et qu’il agisse en conséquence ; si son armée dépérit insensiblement, sans qu’il se mette en devoir d’y apporter un prompt remède ; un tel général ne peut être que la dupe des ennemis, qui lui donneront le change par des fuites étudiées, par des marches feintes, et par un total de conduite dont il ne saurait manquer d’être la victime.

Les maximes suivantes doivent vous servir de règles pour toutes vos actions.

Si votre armée et celle de l’ennemi sont à peu près en nombre égal et d’égale force, il faut que des dix parties des avantages du terrain vous en ayez neuf pour vous ; mettez toute votre application, employez tous vos efforts et toute votre industrie pour vous les procurer. Si vous les possédez, votre ennemi se trouvera réduit à n’oser se montrer devant vous et à prendre la fuite dès que vous paraîtrez ; ou s’il est assez imprudent pour vouloir en venir à un combat, vous le combattrez avec l’avantage de dix contre un. Le contraire arrivera si, par négligence ou faute d’habileté, vous lui avez laissé le temps et les occasions de se procurer ce que vous n’avez pas.