Page:Sur la Tombe de Huysmans, Collection des Curiosités Littéraires, 1913.djvu/29

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toutes les galères de l’intelligence, par l’épiscopale volonté d’un artiste incontestable. Veut-on savoir comment la Vérité lui est apparue dans un cauchemar ?

« La femme était maintenant assise sur le rebord de l’une des tours de Saint-Sulpice ; mais quelle femme ! une guenippe sordide, qui riait d’une façon crapuleuse et goguenarde, un torchon coiffé en paquet d’échalotes sur le haut de la tête, les cheveux en flammes sur le front, les yeux liquides, capotés de bourses, le nez sans racine, écrasé du bout, la gueule gâchée, dépeuplée sur l’avant, cariée sur l’arrière, barrée comme celle d’un clown, de deux traits de sang.

« Elle tenait, tout à la fois, de la fille à soldats et de la rempailleuse, et elle rigolait, tapait du talon la tour, faisait de l’œil au ciel, tendait, au-dessus de la place, les besaces de ses vieux seins, les volets mal clos de sa bedaine, les outres rugueuses de ses vastes cuisses, entre lesquelles s’épanouissait la touffe sèche d’un varech à matelas ignoble… Cette abominable gaupe, c’était la Vérité.

« Comme elle est avachie ! Il est vrai que les hommes se la repassent depuis tant de siècles ! Au fait, quoi d’étonnant ? La Vérité n’est-elle pas la grande Roulure de l’esprit, la grande Traînée