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Lancé par mille bras fit de profondes brêches ;
Sur leur dos, on entend sonner les fers des flêches
Qui retombent brisés. Ils avancent : leurs dards,
De Douaisiens mourants ont jonché les remparts ;
Ils avancent encor… Douai touche à sa chute !

Combien ont succombé dans cette horrible lutte ?
Nul ne le sait, hélas !… Intrépides soldats,
Vos noms sont oubliés, et votre beau trépas
Inconnu de vos fils manquerait à l’histoire,
Sans un héros de qui jaillit toute la gloire.

D’un lieu que les Normands, avides de butin,
Délaissaient, lieu bien pauvre alors, nommé Cantin,
Le seigneur, grand de taille et de cœur, âme ardente,
Appelle, entraîne, solde, en un instant enfante
Une armée, un troupeau de lions furieux
Qui, le courage au cœur et le feu dans les yeux,
Au seul mot de Normand ont tous bondi de rage.
Gayant seul les commande. Il part ; sur son passage
Entraîne des Flamands les bandes aux abois
Qui pour fuir l’ennemi se cachent dans les bois.
Son courage est si prompt, sa marche si rapide,
Qu’il a vu des Normands la colonne intrépide