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DÉTRESSE.

n’ai jamais su cuire le pilau sans bois et le pain sans four. Les femmes arabes n’apportent pas de combustible ; le four s’est effondré. »

Plus tard il se trouvera d’excellentes âmes pour assurer que nous menions à Suse une vie de sybarites !

Le spleen nous eût terrassés pendant ces grandes nuits et ces interminables journées, si l’espoir de toucher au but ne nous eût donné le courage de narguer les éléments. La mission a passé de longues heures devant les émaux rangés sous la tente, prémices capables de surexciter les imaginations les plus froides.

Les nuages se sont enfin éclaircis dans la soirée ; baroun saheb daigne promener son aiguille vers des régions plus sereines. Malgré le retour du beau temps, on ne pourra travailler de deux jours.

Avant le coucher du soleil nous nous sommes aventurés hors des tentes ; heureuse inspiration, car la promenade s’est terminée sur une intéressante découverte. Les derniers orages ont provoqué des éboulements dans la tranchée E du tumulus nº 2 et dégagé le parement d’une muraille formée de grosses briques de terre crue, parement d’une exécution parfaite et qui semblerait couvert d’un crépi, si les eaux ne s’étaient chargées de nettoyer quelques joints verticaux, et n’avaient communiqué au mortier une couleur particulière. La poursuite de ce mur, à travers les éboulis, sera confiée à nos meilleurs ouvriers.

FEMME ARABE PORTANT DES ROSEAUX.

25 mars. — Tout notre monde est en émoi. Buffles, vaches et chameaux, pesamment chargés, ont promené dans la plaine leurs brunes silhouettes. Kérim Khan déplaçait son campement.

La guerre vient d’éclater entre la tribu lori qui nous fournit des travailleurs et Ali Khan, le terrible chef des Segvends. Ali Khan se prévaut du mariage de sa fille avec le fils de Mozaffer el Molk pour dévaster le pays, frapper de terreur les voyageurs isolés que ses coureurs dépouillent sans merci, et faire paître à ses