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LE CAMPEMENT DE KÉRIM KHAN.

marmites de cuivre étamé, écuelles et plateaux du même métal, sébiles destinées à recevoir l’eau qui gonfle l’outre suspendue à un poteau, cafetières, moulin, mortier de fer à décortiquer le riz, et l’inventaire est achevé. Tels devaient être les meubles et la demeure de Jacob.

TENTE DE KÉRIM KHAN.

Excepté Bibi Mçaouda et ses deux belles-filles, coiffées de foulards des Indes drapés sous une calotte de cachemire, vêtues d’une chemise de mousseline de laine, de pantalons de velours et d’un aba brun, les nomades qui se pressent autour de moi sont misérablement vêtues. Elles grelotteraient sous le sarrau de coton bleu dont elles traînent les bords frangés dans la boue et le purin, si une couche de crasse grumeleuse, craquelée aux articulations, ne les garantissait d’un contact importun avec l’air ambiant. Les femmes nomades ne se lavent jamais, même lors-qu’elles tombent à l’eau ou traversent à la nage les grandes rivières de la plaine ; aussi ne saurais-je définir la couleur primitive de leur peau. Élevés dans les mêmes principes que leurs mères, les enfants ne feront pas de longtemps renchérir le prix du savon.

Il m’a fallu embrasser un jeune homme de vingt mois qui n’avait jamais été décapé, — c’est à trois ans seulement qu’on peut débarbouiller un nomade sans risque pour sa précieuse existence. — J’ai cru que je ne me résoudrais jamais à