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CANAL DE SUEZ.

second est ému : le canal de Suez est le point du monde où les bâtiments de guerre sont le mieux à même de s’examiner de très près et de se dénigrer en frères ennemis. J’ignore l’effet produit par le Tonkin ; mais, à bord, quelles terribles critiques j’entends formuler ! Celui-ci n’a pas embraqué ses palans, le pavillon de celui-là n’est pas à bloc, les manœuvres courantes d’un troisième sont molles, et les sabords du quatrième dansent une sarabande désordonnée. Le pont est briqué à la diable, l’équipage mal tenu, la peinture d’une fraîcheur douteuse.


VUE D’OBOCK. (Voyez p. 6.)

En arrivant à Suez, j’avais acquis la conviction que toutes les flottes de l’univers étaient montées par des « tas de marsouins ».

3 janvier. — Pour la seconde fois j’ai respiré les brûlants effluves de la mer Rouge, si redoutés et pourtant si doux aux malheureux qui ont souvenir des chaleurs humides du golfe Persique. Nous laissons à bâbord la petite île de Périm, piton dénudé qui commande en souverain le détroit de Bab-el-Mandeb, et nous cinglons vers la côte d’Afrique. Le commandant Nabona doit faire du charbon et des vivres frais à Obock.

Bientôt les timoniers signalent le cap Ras-Bir. À l’horizon courent des montagnes qui s’étendent du nord-est au sud-ouest et s’infléchissent vers le sud entre Obock et Tadjoura. Cette chaîne, prolongement volcanique des côtes de la mer Rouge, s’appuie sur un plateau madréporique que soutiennent des falaises élevées. Le