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À SUSE.

l’arrivée des Européens. Le tcharvadar bachy courait nous présenter ses devoirs, et bientôt il était suivi de tous les voyageurs.

C’est à qui s’intitulera le serviteur de Saheb et de Khanoum et voudra entrer à leur service sous n’importe quel prétexte, dans l’espoir de goûter le plus longtemps possible au pilau des Faranguis. Nous avons interrogé avec anxiété ces amis de fraîche date. Depuis quinze grands jours le bruit vague de notre prochain retour circule dans le bazar de Dizfoul : nomades et citadins emmanchent pelles et pioches demeurées inactives, et se tiennent prêts à reprendre les tranchées interrompues il y a six mois. La récolte a été mauvaise, le pain est horriblement cher (35 centimes les 7 kilogrammes) : nous aurons autant d’ouvriers que nous en voudrons occuper.

JEUNE DIZFOULIE.

Nos inquiétudes calmées, je m’informe de tous et de chacun. Mçaoud, placé sous la protection de Cheikh Taher, et commis à la garde du matériel de la mission, a bien employé ses vacances. Il possède aujourd’hui quatre femmes légitimes ; Ali Achpaz, le cuisinier, promu aux suprêmes honneurs, assaisonne de ses cheveux les pilaus du naïeb el houkoumet ; la maison de Suse a supporté, sans infortunes sensibles, la solitude et l’assaut des nomades. J’avais prédit que les Arabes incendieraient le toit, difficile à remplacer : ils se sont contentés de démolir des murs intérieurs, dans l’espoir bien légitime d’y trouver un trésor monnayé. Notre palais sera vivement réparé ; des portes solides, d’épaisses murailles mettront les finances de la mission à l’abri d’une razzia. Bonne nouvelle pour des comptables dont les coffres-forts se confondent avec des caisses d’habits.

Marcel s’est empressé de télégraphier ces nouvelles au docteur Tholozan et l’a