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À SUSE.

La vieille citadelle de Koudourlagamer, de Memnon, ce légendaire ami du non moins légendaire Priam, de Cyrus, de Darius, de Xerxès, cette forteresse qui, de l’avis d’Aristagoras, donnait à son seigneur une puissance égale à celle de Jupiter, cette acropole qui, sous Alexandre et l’Hormuzan, était encore si redoutable que la fuite du roi ou la trahison pouvait seule la livrer à l’ennemi, méritait d’être interrogée la première.

Deux tranchées I et J furent tracées sur le plateau : l’une s’allongeait en travers de l’isthme qui relie le chemin d’accès à la forteresse proprement dite ; l’autre partait d’une dépression presque centrale et se dirigeait vers l’est. Bien que descendues à quatre mètres de profondeur, toutes deux donnèrent des résultats négatifs.

Quelques fragments de taureaux de pierre, semblables à ceux de l’apadâna d’Artaxerxès, mais d’un module plus petit, une inscription bilingue gravée sur les deux faces d’une stèle de grès, les draperies d’une statue grecque de basse époque, quelques briques de terre cuite dont la tranche est couverte d’un texte cunéiforme archaïque, les fondations de murs puissants renforcés de tours circulaires, résument les découvertes de cinquante ouvriers occupés pendant deux mois. Nulle part on n’a rencontré un indice de nature à mettre sur la piste d’un monument. Les tranchées, profondes de quatre mètres, équivalent en ce point à des égratignures de chat. Peut-être la citadelle servit-elle de refuge aux habitants de Suse avant leur émigration vers Djundi-Chapour, Chouster et Dizfoul. Les maisons qui la couvrirent furent celles d’un peuple pauvre, malheureux, qui, de génération en génération, élevait murs de terre sur murs de terre et dissimulait sous un manteau de boue et de détritus, tous les jours épaissi, les souvenirs d’un passé glorieux.

Descendons jusqu’au tumulus nº 2, situé à l’est de la citadelle. Se détachant de sa masse presque rectangulaire, un grand éperon s’avance dans la place d’armes comprise entre les trois tumulus. L’axe de cet éperon enfile une dépression rectiligne qui aboutit à une profonde crevasse. Vus de la citadelle, éperon et dépression paraissent se succéder comme une grande avenue qui séparerait le plateau en deux parties égales. Une première porte donnait sans doute accès de la place d’armes dans l’avenue ; une seconde, ouverte à l’extrémité de la dépression, faisait communiquer le palais et la ville. Les trouver toutes deux, suivre la route qui les reliait, rencontrer les entrées de palais desservis à droite et à gauche par cette voie, tel était le but primordial des fouilles entreprises sur le tumulus nº 2.

La première attaque fut dirigée sur l’angle nord de l’éperon. Les tranchées L s’ouvraient dans une terre propre, nette de ces scories rejetées par les villes populeuses, et si dure qu’il fallait la briser à la pioche.