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À SUSE.

Une seconde fouille, F, avait été ouverte dans l’axe longitudinal du tumulus. Destinée à couper le chemin hypothétique qui réunissait la pointe de l’éperon à l’ouverture de la crevasse, elle se dirigeait vers une cuvette presque carrée, indice probable d’une vaste cour. Au delà de cette dépression, sollicitée sans succès par Loftus, un peu à l’est de l’axe du tumulus, furent exécutées les excavations H. Elles avaient pour objectif une hauteur voisine des rudes escarpements dressés à pic sur le marais.

Peut-être trouverait-on sous ce point culminant le donjon où se réfugiait le roi lorsqu’il ne jugeait pas opportun d’abandonner le palais et de s’enfermer dans la citadelle.

Partout des murs énormes construits en briques crues, fondés à de grandes profondeurs, coupés de puits et lardés de cimetières.

À part les renseignements fournis sur la poliorcétique ancienne, les superbes émaux découverts autour d’une urne funéraire, de jolies poteries, une petite tête d’ivoire, des coupes de calcaire nummulitique, des formules magiques écrites en caractères hébraïques, des cylindres, des sceaux, des armes, des inscriptions, des fioles de verre, des monnaies parthes, les fouilles exécutées sur le deuxième tumulus furent peu fructueuses. Elles accaparèrent pourtant les deux tiers des ouvriers, exigèrent une surveillance constante et absorbèrent tous les efforts de la mission. La profondeur à laquelle il faudrait les conduire ne saurait aujourd’hui militer en leur faveur.

Reste le tumulus achéménide. Trois à quatre mètres de terre recouvrent le dallage de la cour ménagée devant la salle du trône ; sur l’apadâna lui-même, sur ces taureaux de pierre dont nous dûmes l’année dernière abandonner l’extraction pour les préserver du vandalisme des pèlerins, l’épaisseur du remblai atteint à peine deux mètres. Ce sont des conditions éminemment avantageuses. Au surplus, le tumulus achéménide, traité comme un paria, s’est vengé de nos mépris en nous fournissant une abondante moisson.

Telle qu’elle avait été réglée jusqu’ici, la direction donnée aux fouilles était parfaite. Il ne pouvait entrer dans les idées de mon mari de rechercher de petits monuments, comme le fait un marchand d’antiquités. Les grandes lignes d’une architecture, l’art constructif, suprêmes manifestations du développement intellectuel et économique d’un peuple, lui paraissaient seuls dignes de ses efforts.

La reconstitution du palais, de la maison, l’étude de la fortification importent bien autrement que des documents mal datés et d’origine douteuse. D’ailleurs, Marcel pensait que, l’édifice retrouvé, les objets de vitrine afflueraient par surcroît. La découverte des pylônes n’a-t-elle pas été le prélude de l’exhumation des lions ?

Que les temps sont changés !