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LES FLEUVES DE LA SUSIANE.

D’autre part, Machtè Papi, Ousta Hassan, les ouvriers nomades, sont unanimes à déclarer que l’Ab-Dizfoul n’est pas navigable. Qui croire ?

Deux cavaliers expédiés sur Ahwaz, deux piétons dirigés vers Chouster, reconnaîtront le cours du fleuve, essayeront de se procurer des bateaux et traiteront de leur location s’il est possible.

Les jours se succèdent paisibles et uniformes depuis l’expulsion du sous-motavelli. Mohammed Ali s’est gardé d’aller rebattre de ses doléances les oreilles de Cheikh Taher ; il a jugé prudent de ne pas courir au-devant des réprimandes que lui vaudraient sa conduite déloyale et le faux serment dont il paya sa liberté. Pelleteurs et piocheurs n’ont jamais montré plus de zèle et ne cessent de requérir mon intervention auprès de Marcel.

« Sur nos yeux, Khanoum, obtenez le pardon de vos esclaves fidèles et le rétablissement des anciennes payes. »

Cette faveur m’a été refusée, mais des gratifications équivalentes à la diminution des salaires sont accordées chaque soir aux hommes les plus vaillants. Jamais le bruit sourd des pioches attaquant les tranchées, et les grincements des pelles au passage de la terre n’ont retenti aussi réguliers.

OUSTA HASSAN.

Dès l’aurore le camp s’agite et s’anime. Les ouvriers, perdus dans le brouillard, montent du Gabr, en longues files, reçoivent les outils déposés le soir sous le hangar de Jean-Marie et prennent le chemin des excavations. La scie chante dans les buissons noueux, les marteaux meurtrissent la tête des clous et les fichent dans les caisses, les étrilles se promènent sur les flancs des chevaux, bruyantes comme des ciseaux de tondeur. Chacun est à son poste. Nous rentrons au logis. Mon mari parle