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BASSORAH.

15 avril. — Grand vacarme cette nuit dans la rue qui longe le Consulat. Des coups de feu retentissent.

LES BORDS DU KAROUN.

Il s’agit de matelots anglais sur lesquels le poste a déchargé ses armes. Ni mort ni blessé : Bacchus protège les ivrognes. La ville est sous l’empire d’une terreur folle. Depuis que le sultan a défendu d’appliquer la peine de mort, les vols et les assassinats se multiplient dans des proportions effrayantes. La population paisible est la proie de brigands organisés en société, société si prévoyante, qu’elle possède une caisse de secours pour acheter l’élargissement des membres compromis. Aussi bien n’ose-t-on s’aventurer dans les rues après le coucher du soleil, et encore n’est-on pas en sécurité chez soi. Les négociants, ne pouvant se fier aux agents de police, affiliés à la bande, louent des veilleurs de nuit et transforment leur maison en corps de garde. La semaine dernière les bandits dévalisèrent la maison d’un Juif, à qui ils ne laissèrent comme fiche de consolation que deux de ses femmes : les plus vieilles. Avant-hier ils s’introduisirent chez un riche Arménien, M. Asfar.

Cinq personnes furent égorgées comme entrée de jeu. Les cris d’une fillette