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BENDER-ABBAS.

gingembre éclairant de leur émail turquoise les vieux cuivres où s’amoncellent le safran, les dattes et les piments secs aux chaudes couleurs. Un peu plus loin s’ouvre une raffinerie sommairement installée : quelques cuves de terre cuite et des caisses de rebut composent une usine et un séchoir rudimentaires.

Derviches, soldats déguenillés, singes tenus en laisse roulent deci, delà. À ma vue les quadrumanes hurlent d’effroi et oublient les tours les plus faciles aux gens de leur espèce.

La nouvelle du débarquement des Faranguis s’est propagée dans Bender-Abbas, la foule grossit, s’écrase, et s’injurie à dire d’expert. Un marchand de cachemire, cicerone bénévole, prend pitié de la mission, et, se dirigeant vers une des portes de la ville, la conduit en rase campagne.

[Image à insérer] RAFFINERIE À BENDER-ABBAS.

Sur le fond stérile de la plaine se détache un mimosa géant. Des femmes vêtues de rouge remplissent leurs vases de forme antique ou causent avec des laveuses. Derrière ce bouquet de verdure, bien doux à des yeux endoloris par les reflets aveuglants du soleil, s’élèvent des constructions en moellons. L’une d’elles, à peu près effondrée, ressemble à une ancienne église chrétienne ; les autres, en forme de pyramide, recouvrent des sépultures européennes. Elles sont connues des indigènes sous le nom très exact de « tombeaux des Anglais ».

La rade de Bender-Abbas et l’île d’Ormuzd, que l’on aperçoit sur la gauche, ont joué un rôle important dans l’histoire des relations commerciales de la Perse et de l’Occident. Ormuzd, rocher dénudé, sans eau, sans végétation, couvert de dépôts salins, mais pourvu d’un port admirable, fut habité d’abord par les Arabes, lorsqu’ils