les oreilles. Je pénètre, à sa suite, dans un atelier aussi nu qu’était celui de la Glacière. La jeune femme m’interroge curieusement :
« Est-ce que vous ne seriez pas cette dame norvégienne que m’sieu Cardoc connaissait, il y a bien longtemps ?
— Oui, j’ai fait sa connaissance il y a vingt-cinq ans, et je ne l’avais pas revu depuis.
— Alors, c’est vous l’auteur du livre sur Albert Dürer ? (Toujours Albert Dürer ! on dirait que je n’ai écrit que celui-là !) Il est très bien, votre bouquin ; je l’ai lu à la bibliothèque de la mairie… Oh, nous avons bien parlé de vous avec Cardoc !
— Vraiment ? Vous le voyez souvent ?
— Presque tous les jours ; je suis sa voisine ; je tiens un petit atelier de photographie là, à côté… Alors, n’est-ce pas, je viens de temps en temps voir s’il n’a pas besoin de quelque chose, ce pauvre garçon ; il a été très malade le mois dernier,… eh bien, il n’y avait personne pour le soigner ; ça faisait pitié…
— Pauvre Cardoc ! toujours le même, alors ? il nourrit les autres et il ne s’occupe pas de lui ?
— Vous pouvez le dire ! est-ce qu’il n’hébergeait pas un sculpteur boche, avant la guerre ! sans compter