Page:Swift - Gulliver, traduction Desfontaines, 1832.djvu/110

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qualité, et même au peuple ; et, avant que je commençasse mon second voyage, je les vendis six cents livres sterling. Depuis mon dernier retour, j’en ai inutilement cherché la race, que je croyais considérablement augmentée, surtout les moutons ; j’espérais que cela tournerait à l’avantage de nos manufactures de laine par la finesse des toisons.

Je ne restai que deux mois avec ma femme et ma famille : la passion insatiable de voir les pays étrangers ne me permit pas d’être plus long-temps sédentaire. Je laissai quinze cents livres sterling à ma femme, et l’établis dans une bonne maison à Redriff : je portai le reste de ma fortune avec moi, partie en argent et partie en marchandises, dans la vue d’augmenter mes fonds. Mon oncle Jean m’avait laissé des terres proches d’Epping, de trente livres sterling de rente ; et j’avais un long bail des Taureaux noirs, en Fetterlane, qui me fournissait le même revenu : ainsi, je ne courais pas risque de laisser ma famille à la charité de la paroisse. Mon fils Jean, ainsi nommé du nom de son oncle, apprenait le latin, et allait au collège ; et ma fille Élisabeth, qui est à présent mariée et a des enfans, s’appliquait au travail de l’aiguille. Je dis adieu à ma femme, à mon fils et à ma fille ; et, malgré beaucoup de larmes qu’on versa de part